Sursis pour les casseurs
TRIBUNAL DE MONT-DE-MARSAN. Les trois jeunes gens qui avaient troublé les fêtes de Pouydesseaux ont échappé à la prison fermeLa commune de Pouydesseaux avait été mise en émoi lors de ses fêtes locales, durant le week-end des 20 et 21 juin, par des accrochages entre trois jeunes festayres et les membres du comité des fêtes (voir « Sud-ouest » du 28 juin). Les prévenus, coupables de violences volontaires et de dégradations d'un véhicule, étaient jugés hier après-midi en audience correctionnelle du tribunal de grande instance de Mont-de-Marsan, présidée par Michel Defix.A l'audience, les choses ont l'air limpides. Les trois jeunes, dès le vendredi soir, ont perturbé l'ambiance à la salle des fêtes. Venus avec leurs propres bouteilles au lieu de consommer sur place, ils se font réprimander par le président du comité des fêtes, leur indiquant que le verre étant prohibé, ils n'ont le droit de boire que des bières servies en gobelet. Bien qu'ils obtempèrent en jetant les canettes dans le vide-ordures, le ton monte et les trois copains sont éconduits par les responsables locaux.Vengeance au petit matin. Le lendemain samedi, les trois festayres reviennent avec leurs ami(e)s et leurs familles. Après une échauffourée vers 22 h 30-23 heures, qui voit tous les gens du village refouler les trois intrus au-dehors de la salle des fêtes, la conclusion a lieu au petit matin. Voulant « faire peur » au président du comité, qui avec d'autres personnes avait « proféré des propos racistes » à leur égard, selon leurs propres termes, l'un des prévenus, d'origine portugaise comme ses camarades, brandit une hachette restée dans le coffre de sa voiture. Une ou plusieurs vitres (les déclarations ne concordent pas sur ce point) de la voiture du président sont fracassées, alors que la carrosserie est « décorée » de plusieurs creux qui pourraient avoir été causés par des boules de pétanque.Le président du comité des fêtes, avec sa compagne comme passagère, prend peur et s'enfuit illico, directement auprès de la brigade de gendarmerie de Roquefort, pour déposer plainte. Immédiatement, les témoignages concordent : ce sont les jeunes, à trois contre une trentaine de personnes du village, qui venaient régler les comptes.Alors que tout le monde les accuse, les trois amis nient point par point que la responsabilité de la bagarre leur incombe. Ils parlent de monnaie non rendue, de guet-apens tendu à l'un des leurs pour lui infliger une correction.Insultes racistes. Mais l'enquête, décortiquée dans les détails par Me Frédéric Dutin, avocat de deux des prévenus, deux frères, ne progresse qu'au travers des témoignages émanant des membres du comité des fêtes ou de leurs proches. Un des prévenus, celui qui a manié la hachette contre la vitre, téléphonera même aux gendarmes puis s'y rendra pour témoigner. Las, ces derniers préféreront le convoquer à une date ultérieure pour l'entendre.« Comment peut-on procéder ainsi et venir ensuite leur reprocher de se concerter avant interrogatoire ? plaidera Me Dutin. L'instruction a été menée seulement à charge, sans même interroger les amis et la famille de mes clients, qui eux aussi étaient sur les lieux le soir des fêtes. On ne saura même pas si les gens de Pouydesseaux étaient sous l'emprise d'un état alcoolique, puisque entendus à 5 h 38 du matin, personne ne les a soumis à un contrôle. J'ai du mal à croire qu'on aurait fait de même avec mes clients, s'ils avaient été interrogés cette nuit-là », s'étonne l'avocat.Reste que ces gestes, même après insultes racistes et tentative de refoulement d'une fête à laquelle les trois jeunes, qui ont des amis dans la commune, estimaient avoir le droit d'assister, sont de trop. Ce que les prévenus admettent entièrement.Tenant compte des faits, le tribunal ne les condamnera pas à des peines de prison ferme, comme l'avait demandé le substitut du procureur, mais se contentera de sursis avec peines de travaux d'intérêt général, les dommages pour préjudice moral étant ramenés à de plus justes proportions.