La « fourmi » prend quatre ans de prison
TRIBUNAL DE DAX. Un Parisien de 23 ans a été condamné, hier, pour un trafic de 30 000 cachets d'ecstasy« Donnez moi encore une chance, la prison, c'est pas fait pour moi ». A la barre du tribunal de Dax, hier, Oupeny Mendy, un parisien de 23 ans, n'a pas cherché à prouver son innocence. Le 22 octobre 2002, il a été contrôlé par les douaniers de Bayonne à la gare de péage de Bénesse-Maremne, avec 30 000 cachets dans le coffre de la voiture qu'il conduisait. Six kilos d'ecstasy tout simplement posés sur le plancher du coffre et absolument pas dissimulés, comme c'est souvent le cas dans ce type d'affaires.Ce jour-là, ce jeune homme originaire de Seine Saint-Denis circulait en direction de l'Espagne. Pour livrer l'ecstasy à Lisbonne, dira-t-il lors d'une première déclaration aux douaniers. Avant de se rétracter et d'expliquer qu'on lui avait donné 25 000 francs pour aller chercher du cannabis dans une boîte de nuit d'Irun.« J'ai découvert le sachet de cachets en même temps que les douaniers », explique Oupeny Mendy au président du tribunal. Toujours est-il que transporter une telle quantité de cachets d'ecstasy, est bien évidemment répréhensible et représente une forte somme d'argent. C'est d'ailleurs ce qu'a rappelé la représentante des services douaniers : « La valeur marchande de ces cachets a été estimée à 450 000 euros et le code des douanes prévoit trois ans d'emprisonnement. »Le Ministère public non plus, n'a pas trouvé de circonstances atténuantes au prévenu et a requis 5 ans d'emprisonnement : « Sa culpabilité ne fait pas de doute, a expliqué Mme Fort, substitut du procureur de la République. M. Mendy savait qu'il était en infraction, car il était rémunéré pour ce service. »Cependant, Frédéric Dutin, l'avocat de la défense, a soulevé un problème -certes récurrent dans les affaires de trafic de drogue- mais qui a eu le mérite de poser les questions que finalement tout le monde se pose. Reprenant les termes employés par la psychologue qui avait examiné le prévenu, maître Dutin a expliqué que son client avait été utilisé comme « une fourmi au coeur d'un système ». L'avocat s'est demandé pourquoi ces 30 000 cachets étaient posés à même le plancher du coffre. Pourquoi ils n'étaient pas cachés. Surtout, il s'est demandé si son client n'était pas simplement un leurre et aurait permis à une autre voiture de passer au même moment avec une quantité beaucoup plus importante de drogue. Il s'est également étonné que l'instruction ne soit pas allée plus loin, puisque selon lui, son client n'était que la « fourmi » d'un réseau beaucoup plus vaste : « Je m'étonne, a plaidé Frédéric Dutin, qu'un coup de téléphone passé au Consulat du Brésil avec le téléphone portable saisi dans cette affaire n'ait pas été utilisé. »Le tribunal a condamné le prévenu à 4 ans de réclusion assorti d'une amende de 450 000 euros d'amende et prononcé la contrainte par corps.