Le mystère Auciello a marqué l'année
JUSTICE. La Cour d'assises des Landes a surtout jugé des affaires de moeurs au cours de l'année 2003Qui est Michele Auciello ? On ne saura sans doute jamais qui est exactement cet Italien, dont même l'âge n'est pas certain mais qui a, semble-t-il, entre 55 et 60 ans. La seule certitude sur laquelle on peut s'appuyer, c'est que la Cour d'assises des Landes l'a condamné au mois de juin à vingt-huit ans de réclusion criminelle dont deux tiers de peine de sûreté pour assassinat, donc meurtre avec préméditation. Une accusation qui semble bien maigre quand on se penche sur le véritable roman qu'est la vie de cet homme qui a beaucoup voyagé et jalonné son parcours de faits crapuleux.Il a été condamné à Mont-de-Marsan pour l'assassinat de Jesus Rodriguez et une tentative d'assassinat sur l'épouse de celui-ci, Alicia, le 17 mai 1997 à Mimizan. Mais l'instruction a en fait permis de découvrir un curieux bonhomme, d'une intelligence certes fruste mais doté d'une mémoire étonnante, tenant à jour des registres avec des dates et des chiffres tout à fait précis. Un homme dur au mal, travailleur, généralement bien vu de ses voisins, mais d'une violence extrême, et d'un comportement sentimental et sexuel pervers. Un psychopathe pervers, c'est d'ailleurs comme cela qu'il a été dépeint.Michele Auciello, né en Italie donc, est fortement soupçonné d'avoir tué sa femme et sa belle-mère en Italie. Il a ensuite quitté ce pays pour s'engager dans la Légion étrangère française et y a passé quelque temps avant d'être réformé à cause d'une blessure qu'il avait contractée lors d'un match de volley-ball. En Italie il avait eu un fils, à Tahiti il a eu une fille. Et puis il a quitté Tahiti pour s'installer dans le Sud-Est de la France oú il a rencontré Dolores Rodriguez pour le malheur de celle-ci. Ils ont eu une liaison, il l'a suivie dans les Landes oú demeuraient ses parents. La liaison a été chaotique avec plus de mauvais moments que de bons. Et puis il y a eu les dérives, de drôles de parties à connotation sexuelle, et puis une nouvelle liaison avec une jeune femme à son tour enceinte. Au milieu de tout cela, Michele Auciello donnait l'image d'un paisible commerçant qui vendait des churros dans une caravane, allant ainsi de fête en fête oú son commerce prospérait. A tel point qu'il était confortablement installé dans la campagne landaise avec des chiens et des chevaux. Des chiens avec lesquels, horreur, on apprendra qu'il avait des rapports sexuels.Et puis, un jour de 1997, il y a eu l'assassinat de Jesus Rodriguez tué d'un coup de pistolet tandis que sa femme était violemment frappée, à tel point qu'elle resta dans le coma pendant de longues semaines. Les soupçons se portèrent aussitôt sur Auciello. La raison du meurtre semblait simple : les parents de Dolores en savaient trop sur lui, il fallait qu'ils disparaissent.Michele Auciello après avoir reconnu les faits dans un premier temps les nie depuis farouchement. Cela n'a pas empêché la Cour d'assises des Landes présidée par Laurent Tignol d'entendre les réquisitions du procureur Jean-Pierre Laffite et d'entrer en voie de condamnation. Vingt-huit ans dont deux tiers de sûreté, ce n'était apparemment pas trop cher puisque le parquet avait requis la perpétuité. Sans doute l'intervention des défenseurs Frédéric Dutin et Philippe Malet avait-elle porté sur les jurés.Mais à la surprise générale, Michele Auciello décida de faire appel. Il va donc être rejugé en 2004 par la Cour d'assises des Hautes-Pyrénées à Tarbes. Il a changé d'avocats ce qui n'est pas étonnant dans la mesure oú ses défenseurs montois n'avaient vraiment pas envie de faire appel. Par contre, on peut compter sur le procureur de Mont-de-Marsan pour qu'il aille occuper le siège de l'avocat général.Affaire de famille. Un autre dossier beaucoup moins sordide a soulevé d'intéressantes questions de droit à l'occasion de la saison judiciaire. Il s'agit de la comparution pour meurtre de Christophe Lapeyre accusé d'avoir tué son père à Peyrehorade en l'étouffant sous un oreiller. Christophe Lapeyre a effectué de longs séjours en hôpital psychiatrique. Cependant, il n'a jamais été considéré comme en état de démence au moment des faits. On aurait pu penser qu'il aurait quand même insisté avec son défenseur sur cette faiblesse de sa psychologie pour essayer de s'en tirer.Or, ce jeune garçon, qui est de toute évidence malade, a préféré assumer tout au long des débats la responsabilité de son acte. Le ministère public en la personne de Mme Isabelle Fort a parfaitement compris son souci et a requis contre lui une peine de réclusion comme s'il s'était agi d'un accusé ordinaire. Christophe Lapeyre a été condamné à douze ans de réclusion criminelle. Reste à espérer maintenant que l'on puisse trouver des soins adaptés à son état, que ce soit en milieu carcéral ou en milieu hospitalier. En analysant les débats, la personnalité de l'accusé et les divers témoignages apportés, on peut en effet compter qu'un jour il reprenne une vie normale.