Soupçonnée d'escroquerie au RMI, elle est relaxée
MONT-DE-MARSAN. Pour avoir « oublié » de déclarer des revenus, un couple RMIste était au tribunalEn apparence, c'est un dossier banal. Celui d'un couple, jusque là sans histoires, vivant chichement. Entre allocations et petits boulots. Lui est au RMI à Mont-de-Marsan. Elle, enchaîne les missions d'intérim en Région parisienne. Ils se rencontreront sur un quai de métro. Coup de foudre et mariage dans la foulée. Sous cet angle-là, en apparence donc, pas de quoi se voir invités à la barre du tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan.Seulement, hier, ce couple sans histoires était bel et bien devant la justice dans le cadre d'une escroquerie au RMI. A cet instant du récit, un détail non mentionné jusque là s'impose : Madame est de nationalité marocaine. Un détail capital pour Me Dutin, son avocat, pour qui cette affaire dépasse de loin le cadre de la seule entourloupe. D'ailleurs, pour l'avocat, tout le fond de cette affaire tient dans cette précision identitaire. Et pour cause.Menace d'expulsion. Car si, dans le couple, c'est Monsieur qui s'occupe des formalités, c'est justement parce que Madame, de par sa nationalité, n'est pas très au fait des subtilités administratives. A la barre, Monsieur confirmera que c'est bien lui qui a rempli les demandes litigieuses d'un RMI couple. Oubliant, au passage, de déclarer les revenus de sa femme. Sauf que, selon Me Dutin, si la justice s'est intéressée à eux et à leurs ressources financières, c'est justement parce que Madame était, jusqu'à il y a encore peu, sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière. Un arrêté cassé récemment par le tribunal administratif de Pau.« On a tout fait pour les séparer, soulignera Me Dutin à la barre. Oui, ils se sont rencontrés dans le métro. Oui, ils s'aiment. Mais elle travaillant à Paris, lui vivant à Mont-de-Marsan, on a douté de leur union. C'est pour ça qu'elle a choisi de renoncer à travailler à Paris. Pourtant si elle y était, c'est parce que c'est plus facile d'y trouver un emploi qu'à Mont-de-Marsan. »Dans cette affaire, Me Dutin ne craignait qu'une chose, que sa cliente soit reconnue coupable. Ce qui n'aurait pas manqué d'alourdir considérablement son dossier auprès de la préfecture. Et ce même si le préjudice commis, environ 2 000 euros, a été remboursé. Mais hier, le tribunal n'a reconnu qu'une seule faute : celle du mari. Et relaxé sa femme. Le soulagement sera toutefois de courte durée. Depuis cette affaire, le RMI leur a été supprimé et aucune offre d'emploi ne semble se profiler à l'horizon. Une histoire banale ?