Coup de théâtre : le procès est renvoyé
Coup de théâtre, hier après-midi, devant la cour d'assises des mineurs des Landes, où comparaît depuis la veille un Montois de 18 ans accusé d'une tentative de meurtre perpétrée le 3 mai 2008, dans le quartier Bosquet, à Mont-de-Marsan (lire nos éditions précédentes).Il est un peu plus de 14 heures lorsque l'audience reprend. On attend les derniers témoins mais c'est l'avocat général qui se lève et prend la parole. « Je viens d'apprendre qu'un témoin des faits, qui n'a pas répondu à sa convocation et que nous recherchons depuis le début de ce procès, affirme avoir été agressé par l'accusé et un ami à lui, récemment. Il s'est rendu au commissariat pour dénoncer ces faits et a déposé une main courante le 6 juin », déclare la représentante du ministère public, Émilie Abrantes. « Je demande donc à la cour de prendre le temps nécessaire pour que nous retrouvions cette personne et qu'elle s'explique », poursuit-elle. En clair, elle requiert le renvoi.« Je n'ai fait que le repousser »Interrogé sur cette agression présumée, l'accusé confirme avoir croisé le témoin, il y a une dizaine de jours, dans les rues de Mont-de-Marsan. Mais conteste toute violence. « Il m'a provoqué en me lançant : « C'est toi qui as planté mon copain, je vais te coller des tartes. » Je n'ai fait que le repousser », assure Daniel (1). « Mais pourquoi ne pas nous en avoir parlé avant ? », l'interroge la présidente. « Je ne le connais pas ce gars, je ne savais pas qu'il devait venir ici », se défend le jeune homme.Pour la partie civile, la coupe est pleine. Car le témoin en question n'est pas le seul à ne pas s'être présenté devant la cour d'assises depuis l'ouverture des débats. Deux autres personnes, qui se trouvaient elles aussi avec la victime quand celle-ci s'est fait violemment poignarder pour une banale histoire de cigarettes, ne sont jamais venues. Via des intermédiaires, elles ont invoqué « la peur de représailles ». « Ce procès ne peut pas se tenir dans de telles conditions. La sérénité des débats n'est pas assurée. De plus, ces témoignages sont indispensables pour que la cour et les jurés puissent juger avec tous les éléments », estime Me Dutin, l'avocat de Patrice, le jeune Montois de 26 ans très gravement blessé par un coup de couteau en plein ventre. Il s'associe donc à la demande de renvoi.La défense aussi, tout en ne se privant pas au passage d'une cinglante mise au point. « Je commence à être lassé qu'on fasse le procès de la famille de mon client qui n'a jamais fait parler d'elle. C'est loin d'être le cas de ceux qui avancent une pseudo-crainte à venir témoigner. La plupart sont bien connues de la justice. Au premier chef, la victime. Alors qu'on arrête avec ces accusations et qu'on fasse venir tout ce petit monde pour qu'il s'explique », s'emporte Me Renaud Lahitète.Après une grosse demi-heure de délibéré, la présidente Catherine Mollet annonce le verdict sur cet incident : « L'affaire n'est pas en état d'être jugée et nécessite d'être renvoyée à une prochaine session d'assises. » Rappelons que ce procès aurait dû s'achever ce soir.La date du renvoi n'a pas encore été fixée. En attendant, l'accusé, qui comparaissait libre depuis mardi, est rentré chez ses parents. Il sera toutefois très certainement convoqué au commissariat dans les prochains jours, comme d'ailleurs le témoin qui l'accuse. En effet, le parquet a ouvert une enquête sur cette affaire.(1) Le prénom a été modifié, l'accusé étant mineur à l'époque des faits. DATE DE PARUTION : 25/06/2015 04:00Possesseur d’armes, oui, mais pas braqueurBENOÎT MARTINb.martin@sudouest.frDéclaré coupable de vol avec armes et en réunion par la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques, Samy Zagoudia, Palois de 26 ans, avait été condamné, le 6 juin 2013, à douze ans de réclusion criminelle. Contrairement à ses deux acolytes, condamnés à sept et douze ans de réclusion criminelle, il avait fait appel de cette décision.Le jeune braqueur revient donc devant la cour d’assises des Landes, au tribunal de Mont-de-Marsan. Dès ce matin et jusqu’à mardi, il devra à nouveau répondre de " vol en réunion, vols avec arme en récidive et destruction du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes ".Les faits remontent à l’hiver 2011. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, avec l’aide de ses compères, Samy Zagoudia aurait dérobé une Renault Clio, à Saint-Castin, à une vingtaine de kilomètres au nord de Pau. Puis, tôt le matin, peu après 6 heures, il aurait déboulé, cagoulé et ganté, dans une station-service de Saugnaq-et-Cambran, à huit kilomètres au sud de Dax, pour y emporter des cartouches de cigarettes." Donne-moi la caisse ! "Le 17 décembre 2011, peu avant 22 heures, le même scénario se reproduit dans une station-service de Montardon, dans les Pyrénées-Atlantiques. Un employé qui s’apprête à fermer boutique voit deux individus cagoulés lui pointer une arme sur le front et lui ordonner : " Donne-moi la caisse ! " Pas de caisse mais juste un fonds de monnaie de 92 euros, pas de clés de coffre… Les deux hommes rejoignent leur compère, dans la voiture, et repartent.Le surlendemain, le 19 décembre, peu avant 20 heures, c’est au tour d’un bar-tabac de Billère, toujours dans les Pyrénées-Atlantiques de se faire braquer. " Couche-toi face au sol ", ordonnent deux individus cagoulés au gérant. Le butin s’élève cette fois à 845 euros et de nombreuses cartouches de cigarettes.C’est un véhicule déclaré volé, retrouvé calciné et immatriculé en doublette parfaite, qui permet aux enquêteurs de se mettre sur la piste des braqueurs. Après des mois d’enquêtes et d’écoutes, trois individus, dont Samy Zagoudia, sont interpellés le 17 janvier 2012. À son domicile et à celui de ses parents, les policiers retrouvent une cagoule, des gants, des cartouches et surtout un revolver 22 long rifle, un fusil à crosse et canon sciés.Mis en cause par l’entourageSamy Zagoudia " reconnaît être le propriétaire " de ces armes. Mais il " nie fermement " toute participation aux trois braquages, même si " les deux autres individus, condamnés le 6 juin 2013, et des personnes proches de son entourage soutiennent le contraire ", précise l’ordonnance de mise en accusation.D’ici mardi, Samy Zagoudia devra s’expliquer sur son éventuelle participation à ces braquages, face au président et aux jurés de la cour d’assises. Et surtout face à ces deux éventuels compères qui purgent sept et douze ans de réclusion criminelle.