L'éducateur de l'Aviron Bayonnais avait « disjoncté »

TRIBUNAL DE DAX.  Un an et demi de prison ferme pour le braqueur du bureau de poste de Saint-Lon-lès-MinesL'un des dossiers examinés hier par le tribunal correctionnel de Dax aurait dû être jugé par une cour d'assises. Dans un premier temps, Jean-Patrice Eyoum-Deido était en effet poursuivi pour « vols avec usage d'une arme ». La même qualification que celle retenue pour les trois hommes qui comparaissent jusqu'à ce soir devant les jurés de Mont-de-Marsan, après le braquage d'une station-service commis à Salies-de-Béarn en 2001. Mais au cours de l'instruction, les différentes parties ont donné leur accord pour correctionnaliser l'affaire, eu égard notamment à la personnalité de l'accusé. Hier après-midi, Jean-Patrice Eyoum-Deido devait donc répondre d'un « vol avec violence » et de « transport illégitime d'une arme de quatrième catégorie ».Le 22 septembre 2003, ce commerçant en vin domicilié à Bidache, se présente au bureau de poste de Saint-Lon-lès-Mines. Il demande une carte téléphonique, puis ressort pour soi-disant aller chercher de l'argent. Il revient et fait mine de payer. Mais en lieu et place des billets attendus, le client sort un revolver et menace l'employée. Il se fait remettre la caisse et s'enfuit à bord d'une Renault 18. Dans le véhicule, les enquêteurs retrouveront la carte téléphonique, et un bas noir coupé. Une cagoule improvisée que le prévenu a « oubliée » de mettre avant de commettre son forfait.Excuses.  Lors de sa première audition, Jean-Patrice Eyoum-Deido avait déclaré qu'il était l'instigateur du braquage, mais pas son auteur. Il a ensuite reconnu l'intégralité des faits. Des aveux réitérés hier devant les trois juges : « Je présente mes excuses à la victime. Je n'avais pas l'intention de lui faire mal et je regrette mon acte. A l'époque, j'étais dans une situation financière très difficile. Anéanti par la mauvaise passe de mon commerce. Ce jour-là, j'ai disjoncté. »Son avocat, Me Frédéric Dutin, a souligné que ces faits « ne collaient pas » avec le parcours et la personnalité du prévenu. Elevé dans une famille protestante d'origine camerounaise, à son compte depuis deux ans, Jean-Patrice Eyoum-Deido était également un footballeur de bon niveau, éducateur sportif au sein de l'Aviron bayonnais, apprécié autant des dirigeants que des adolescents. « Il n'est pas l'homme qui a braqué la poste de Saint-Lon-Lès-Mines ! a assuré Me Dutin. C'est une personnalité à sauver, qui a tout pour rebondir ! » Pendant son année derrière les barreaux, Jean-Patrice Eyoum-Deido s'est en effet initié à la cuisine et compte suivre cette voie.Un portrait quelque peu nuancé par le procureur de la République Serge Mackowiak : « Il n'a pas le profil d'un criminel, mais celui d'un délinquant. Il a quand même braqué une institution. Correctionnaliser les affaires ne veut pas dire les banaliser. » Le magistrat a requis cinq ans de prison. Le tribunal a finalement condamné Jean-Patrice Eyoum-Deido à trois ans de réclusion dont 18 mois avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans, assortie d'une obligation de travailler et de rembourser les victimes. 340 euros à la Poste, et 4000 euros à l'employée pour le préjudice moral. Le Parquet doit faire appel. 

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