Et si le voleur disait vrai ?
v.dewitte@sudouest.frEt si le cambrioleur du château de Gaube, à Perquie, disait la vérité… Quelle vérité ? Celle qu’il a exposée hier, en préambule du procès d’assises prévu sur cinq jours à Mont-de-Marsan. Celle décrite depuis le jour où il a pu obtenir une feuille et un papier pour écrire au juge d’instruction.Comme annoncé, Frantz Leroy, ce voleur multirécidiviste atteint d’un coup de feu alors qu’il cambriolait le château de Gaube, le 23 juin 2011, a en tout cas très fermement contesté la version avancée par la famille Morel et compilée par les enquêteurs. L’accusé de 45 ans a d’abord soutenu n’avoir jamais été en possession d’un fusil. Il a également assuré que la maman de l’adolescent de 12 ans qui lui a tiré dessus n’a jamais été présente à l’étage avant le coup de feu.Il a juré encore que le fils de la famille n’était pas parti prévenir son père lui-même. Et rapporté que ce dernier, une fois arrivé, ne lui aurait pas porté secours. Pire, qu’il l’aurait insulté. " J’ai pardonné au jeune. Même si je n’étais pas armé, me faire tirer dessus était un risque que je prenais, expliquait-il en fin de matinée. Mais je tiens à dire les yeux dans les yeux à M. Morel que de m’avoir laissé crever comme ça, même si je suis un voleur, c’est dégueulasse ", défiait l’intrus qui fut sérieusement blessé à l’artère fémorale." Ça ne tient pas "Est-il vraiment raisonnable de donner du crédit à cet homme qui a déjà passé plus de vingt ans de sa vie en prison ? Le duo Katy Mira et Frédéric Dutin relève que sur ses 13 vols recensés par la justice il n’a jamais eu d’arme. Un ami arnaqué lors du détournement d’une BMW en location s’étonne lui aussi de ce fusil. " Ça ne tient pas ", assène l’ancien bâtonnier montois en suggérant un " scénario concerté ".De scénario concerté il n’y a point, vont s’attacher tour à tour à rapporter les trois membres de la famille landaise passée d’un coup de victime à suspecte. Première à la barre, la maman " encore très marquée " est pressée de questions. La défense relève des contradictions et veut des précisions sur tout. Son fils avait-il déjà tiré avec un fusil ? Lui a-t-elle vraiment dit d’aller se cacher ? Comment son mari a-t-il fait le garrot ? Le voleur avait-il des gants ? Si oui, pourquoi ne pas l’avoir dit avant ?Le temps passe et la femme s’agace. " Ces mensonges sont quelque chose d’inacceptable. Ça a été terrible, un drame familial. Mon fils a eu peur pour sa vie et pour la mienne. Il ne pouvait pas faire autrement. " Le garçon aujourd’hui âgé de 16 ans lui succède, étonnement solide. Lui aussi se perd un peu sur les faits, la chronologie. Bien que secoué, il tient tête aux avocats. Et veut venger son père. " Je trouve ça assez honteux d’avoir de la haine contre papa alors qu’il lui a sauvé la vie ", lance-t-il à la présidente.Interrogé en dernier, l’époux et père justifie ses approximations ou contradictions en assurant que c’était " la panique générale ", " un moment de grande confusion ". Les échanges avec la défense se tendent encore un peu plus.Et Me Dutin, à qui on ne demandait rien, de donner déjà le ton du lendemain : " Vous voulez mon avis ? Je pense qu’il y a eu des manipulations. "