Drame à Ychoux : pour les associations qui luttent contre le racisme, le procès doit être exemplaire

A partir de vendredi 1er octobre, Claude Gorsky sera jugé devant la Cour d'Assises des Landes. Le sexagénaire est accusé de tentative d'assassinat avec préméditation, en raison de l'appartenance réelle ou supposée à une ethnie, une nation, ou une prétendue race, sur la personne de Saïd El Barkaoui.

Un représentant du Mrap, la sœur de Saïd El Barkaoui, la trésorière de SOS racisme et l'avocat des parties civiles © Radio France - Lou Bourdy

Un représentant du Mrap, la sœur de Saïd El Barkaoui, la trésorière de SOS racisme et l'avocat des parties civiles © Radio France - Lou Bourdy

Ce vendredi 1er octobre s'ouvre à la Cour d'Assises des Landes le procès de Claude Gorsky. Le sexagénaire est accusé de tentative de meurtre avec préméditation, en raison de l'appartenance réelle ou supposée à une ethnie, une nation, ou une prétendue race, sur la personne de Saïd El Barkaoui, le 20 mai 2018 à Ychoux. Pour les associations qui luttent contre le racisme, ce procès doit être exemplaire. Elles ont organisé, ce vendredi 27 septembre, une conférence de presse à Mont-de-Marsan, en compagnie de Jamila El Barkaoui, la sœur de la victime.

Rappel des faits

Le 20 mai 2018 à Ychoux, Saïd El Barkaoui, père de famille de 39 ans, reçoit cinq balles dans le corps tirées par son voisin, Claude Gorsky. Le père de famille, d'abord hospitalisé et opéré, décède finalement deux semaines plus tard. Impossible de dire si les coups de feu sont à l'origine de son décès.

Claude Gorsky est alors mis en examen, placé en détention provisoire, puis finalement placé en liberté conditionnelle en décembre 2019, sur décision de la Cour d'Appel de Pau. Un choc pour la famille de la victime qui organise alors de nombreuses manifestations en hommage à Saïd El Barkaoui.

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En novembre 2020, la Justice retient la motivation raciste et la préméditation dans l'affaire El Barkaoui. Claude Gorsky est donc renvoyé devant la Cour d'Assises des Landes à partir de ce vendredi, à la nouvelle cité judiciaire de Mont-de-Marsan. Il est jugé pour tentative de meurtre avec préméditation, aggravée par une motivation à caractère raciste.

Ce qu'il s'est produit ce 20 mai, c'est le reflet de toute la malveillance raciste que l'on peut voir dans le pays - SOS Racisme

Dans ce procès, les associations SOS Racisme et le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) se sont constituées partie civile. Présente ce vendredi à Mont-de-Marsan, Sandrine Malet, membre et trésorière de l'association SOS Racisme, espère que ce procès soit exemplaire en matière de lutte contre le racisme : "Ce qu'il s'est produit ce 20 mai, c'est le reflet de toute la malveillance raciste que l'on peut voir dans le pays. Le procès est là  pour faire justice, mais aussi de mettre en lumière tous les mécanismes qui s'articulent autour des actes racistes."

La bénévole de l'association, présente aux côtés de Jamila El Barkaoui depuis plus de trois ans, attend une décision ferme de la part du tribunal : "En fait, tout plein de gens se reconnaissent dans l'histoire de Saïd El Barkaoui et attendent, d'un point de vue sociétal, que des décisions soient prises pour réparer en quelque sorte ce mal qui se distille dans la société. On est tous concernés, c'est ça la fraternité."

La sœur de Saïd El Barkaoui,très émue, raconte qu'avant de tirer 5 fois sur son frère, Claude Gorsky aurait crié : "Je t'avais promis que je te butterai espèce d'enculé d'arabe". Jamila El Barkaoui l'assure : elle n'attend pas d'excuse, mais une peine exemplaire.

Frédéric DUTINaccueil