Auciello charge Berque
ASSISES DES LANDES. Michele Auciello a aussi mis en cause le rapport de l'expert-psychiatreLes jurés des Landes ont abordé hier le volet criminel de l'affaire Auciello-Berque. Les faits constatés sont aussi simples qu'horribles : dans la nuit du 16 au 17juin 1997, Jesus Rodriguez est assassiné d'une balle de 7,65 en pleine tête dans sa maison de Mimizan. Au même moment, sa femme est grièvement blessée à la tête (deux fractures du crâne) à l'aide d'un objet contondant. Sur les lieux, il y a Michele Auciello, c'est sûr. Seul ? c'est la question qu'il faudra poser à la fin du procès.Alicia Rodriguez restera trois jours sans soins, étendue sur le sol. Cette grande diabétique qui a besoin de deux piqûres d'insuline par jour et qui a perdu connaissance et beaucoup de sang s'en tire par miracle. Hospitalisée au CHU de Bordeaux, elle ne sortira qu'au mois de juillet complètement rétablie.Les soupçons se portent évidemment sur Michele Auciello qui, depuis belle lurette, a annoncé son intention de tuer le couple. Arrêté à Armentières dans le Nord de la France, l'Italien donne une première version. Il était très déprimé par de mauvaises nouvelles, il s'est rendu chez les Rodriguez, cela s'est mal passé car il réclamait de l'argent et surtout l'adresse oú était partie son ancienne compagne Dolores. Les parents n'ont rien voulu lâcher, il a tiré une première fois en l'air, une deuxième fois sur Jesus Rodriguez, l'atteignant mortellement, et a ensuite frappé Alicia qui voulait appeler les gendarmes. Ensuite, il a erré avant d'aller chez son ami Philippe Berque. Avec lui, il est parti à Bordeaux, à Paris puis dans le Nord. Cette version a été toujours corroborée par Berque qui ajoute même qu'il lui a fourni des vêtements pour se changer car il était taché de sang.Changement de version. Seulement voilà, au cours de l'instruction, Michele Auciello a changé de scénario. Il a prétendu qu'il était allé en compagnie de Berque chez les Rodriguez, qu'il avait voulu discuter, que Berque avait tué accidentellement Jesus Rodriguez et que lui-même avait frappé Alicia Rodriguez pour l'empêcher d'appeler les gendarmes. Ce qui n'a pas convaincu le magistrat instructeur qui l'a renvoyé devant les assises pour assassinat alors que Berque, lui, comparaît pour viols et recel de malfaiteur. Néanmoins au cours de l'audience, Michele Auciello s'arc-boute sur cette deuxième version et charge de plus en plus Philippe Berque. Les différents témoins entendus hier ont pourtant établi que les menaces antérieures à l'incident étaient bien réelles. Il n'y a guère que l'expertise balistique qui apporte une goutte d'eau au moulin de l'ancien légionnaire. Mais pour son système de défense, cette goutte d'eau est capitale et il exige qu'on en tienne compte.Incidents. Et puisque l'on parle d'expert, signalons que les choses se sont gâtées en fin d'audience hier. Il y a d'abord eu un incident entre la défense d'Auciello et celle de Berque. A tel point que le président Laurent Tignol a dû faire usage de sa souriante autorité pour ramener le calme. Un deuxième incident éclata à l'issue de la déposition du Dr Bonnand, chef de service à l'hôpital psychiatrique de Cadillac, qui a examiné les deux accusés. L'examen d'Auciello a révélé une personnalité dangereuse : charmeur, séducteur, banalisant certains faits, soucieux d'imposer sa vérité, méfiant, intolérant, plein d'assurance émotionnelle, doté d'un discours clair et logique, dangereux, non-réadaptable, pervers, bref, typiquement psychopathique.C'est en entendant cela que Michele Auciello s'est levé : « M. l'Expert, malgré tout le respect que je vous dois, je dois dire que vous n'exprimez pas la vérité. Vous dites que vous m'avez examiné pendant deux heures, vous m'avez vu moins de dix minutes en m'enregistrant avec un dictaphone. » Une intervention qui eut le don de faire sursauter l'expert qui fonça vers sa sacoche pour y puiser ses notes, les montrer au président et s'insurger violemment contre Auciello qui se permettait de mettre en doute sa conscience professionnelle. L'Italien insista : « On a qu'à regarder les registres de la prison, vous êtes venu me voir au moment du parloir, ma fille et ma petite amie étaient justement venues me visiter. » Un coup d'esbroufe qui a, certes, vexé le bon docteur Bonnand mais n'a nullement impressionné la cour.Et Philippe Berque pendant ce temps-là ? Eh bien, comme hier, il a dormi toute la journée au coin du box.